COSTAS EVANGELATOS / EXPO :LES PORTRAITS ET LES PAYSAGES LETTRISTES / LE CENTRE DE SEVRES / PARIS ,Nov.2007/ VILLA ΡΟΔΟΠΗ-ΑΡΧΕΙΟ

LES PORTRAITS ET LES PAYSAGES LETTRISTES
DE COSTAS EVANGELATOS

Costas Evangélatos, selon sa propre manière personnelle, peint les corps sans s’intéresser à l’aspect scientifique de leur structure anatomique; c’est à la réalité vivante et mouvante de l’œuvre d’art qu’il donne de l’importance. Ce qui paraît le préoccuper tout particulièrement, c’est de rendre étrangère leur présence (représentation irréaliste) en utilisant des moyens graphiques. Les couleurs pâteuses sont empreintes d’une foule de données soigneusement choisies: des mots, des formules mathématiques, des rappels géométriques; ceci ne va pas sans rappeler les observations scientifiques et les références topiques qui accompagnent les esquisses des anatomistes de la Renaissance.

La période actuelle de Costas Evangélatos est caractérisée par la rencontre des symboles mathématiques et des formes géométriques en vue d’une synthèse esthétique. Le symbolisme, la prédominance du «signe» y demeurent présents, les dessins à l’encre de Chine scrutant tout à tout le signifiant (formules mathématiques-mots) et le signifié (synthèse mathématico-figurative).
Nous avons ici un jeu entre ce qui appelle une formule mathématique et sa solution trouvée dans l’esthétique de la structure du muscle humain.

La prise en compte mathématiquement calculée de données soigneusement réfléchies, le regroupement de mots, de formules algébriques et de relations géométriques permettent à Costas Evangélatos de composer un «texte» bien écrit, une sorte de paysage lettriste qui se rend maître de l’épiphanie picturale.

Minimalement, avec des moyens très peu nombreux, en épaississant ou espaçant des éléments rigoureusement choisis, Costas Evangélatos parvient à une image finale qui condense ses recherches et codifie ses réminiscences.
Une épuisante répétition des unités morcelées, tisse des entrelacs arithmétiques sur la toile blanche-noire, avec l’hermétisme d’un code et la liberté d’une œuvre d’art. A partir d’un mouvement bipolarisé, éléments positifs et négatifs esquissent des métamorphoses plastiques qui vont vers l’infini et pas seulement là. La fonction signifiante impose ses propres lois au moment où l’amour revendique ses droits et où la reprise du leitmotiv inonde «musicalement» l’espace.

Des formules mathématiques connues composent des paysages inconnus, énigmatiques, d’une manière indéterminée mais par là-même ouvrant sans limites des possibilités d’interprétation.

Les œuvres de Evangélatos respirent la puissance et la vigueur de l’expressionnisme. Ses dessins, en particulier, sont d’une étonnante aisance dans les formes plastiques; en eux se trouve concentrée l’authentique capacité artistique du peintre.

Annita Patsouraki
Historien de l’art, Diplômée de l’Université Paris I - Panthéon Sorbonne